Il était une fois : « Je crée mon entreprise ».

Le discours est bien rodé du côté de l’état et du patronat, dorénavant rien n’est plus facile que de monter son entreprise.Les formalités ont été de beaucoup simplifiées, on réalise les démarches en un seul jour, pour un euro de capital, et c’est parti.Vous voilà chef d’entreprise , seul maître à bord , à vous la gloire et le profit, l’ivresse de la prise de décision et de la conquête des marchés.

Bon, ça c’est la théorie et dans certains cas on peut dire que ça marche si certaines conditions sont remplies. Par exemple être suffisamment formé et compétent, disposer des fonds nécessaires ( oui , il en faut ) , avoir étudié le marché avec soin etc…

La réalité peut être bien différente.Il est conseillé de n’être pas un doux rêveur et d’avoir les pieds sur terre . Prendre chaque matin au petit déjeuner une bonne dose de pragmatisme est aussi indispensable que la vitamine C.

J’ai une idée !

Voilà un bon début , l’idée.Elle est venue après mure réflexion .On décide de créer son entreprise pour diverses raisons.C’est parfois dans les gènes , des générations successives d’entrepreneurs.Par nécessité, on se retrouve sans emploi et sans réelle perspective d’en retrouver.Par désir d’indépendance,on ne supporte plus son statut de salarié et une hiérarchie que l’on trouve incompétente.C’est rarement parce qu’on a gagné au loto, là on se contente de placer son argent et de laisser les autres travailler pour qu’il fructifie.

Ainsi donc, après avoir cogité comme un malade , on pense avoir fait le tour de la question et trouvé la perle rare, l’objectif, l’activité génératrice de profit.

Que vaut mon idée ?

Il va falloir soumettre cette merveilleuse idée à inspection rigoureuse et sans failles afin qu’elle n’aboutisse pas à une véritable catastrophe.Le filtre magique comporte plusieurs phases successives, si l’idée est vraiment bonne elle franchira les étapes avec succès et aura quelques chances d’aboutir.

• Suis-je fait pour ça ? C’est bien la première question à se poser.Adieu ma sécurité, mon insouciance, mon sommeil de bébé, l’entrepreneur doit tout assumer, les responsabilités, les décisions,l’échec ou la réussite, les pertes, les dettes etc…Est ce bien dans mon tempérament , suis je capable de me positionner de cette manière ? Bref qui suis je ? La première question est donc existentielle.
• Je fais comment ? La méthodologie de la création. On commence par quoi ,? On s’adresse à qui ? Il me faut combien ? Quelles sont les formalités ? Il est essentiel d’avoir une connaissance précise des démarches administratives , des besoins financiers , des infrastructures indispensables au projet.
• Je récapitule.Après avoir étudié les points ci-dessus on reprend tout par le menu avant de se décider afin de voir si l’on se sent réellement capable de se lancer dans l’aventure, sachant que , le plus souvent, les épreuves seront bien plus douloureuses que ce que l’on a pu imaginer. Rassurez-vous , les satisfactions sont aussi souvent au rendez-vous , mais il faut être patient et opiniâtre.

On se lance !

La décision est prise , on met les mains dans le cambouis.

• Les démarches administratives. Il faut bien se dire qu’on sait jamais assez en France à ce sujet.La complexité de nos règlements est légendaire.Nous sommes les champions du monde toutes catégories du formulaire abscons et de la notice en quatre exemplaires à envoyer en copie à une multitude d’organismes difficilement identifiables. Un seul mot d’ordre : « On ne lâche pas le morceau ! ».Expression certes triviale mais qui s’applique bien à la réalité.Étudiez sans relâche les possibilités qui s’offrent à vous, les différents statuts, leurs avantages, quels sont vos droits (et vos devoirs), quelles aides ou quelles exonérations peuvent vous être attribuées.Les démarches administratives sont fastidieuses mais celui qui les néglige a déjà raté une partie du challenge, c’est pénible mais il faut « faire avec ».

 

• Les démarches financières. Ancien salarié ou chômeur , vous avez peut être droit à des aides , foncez, on ne vous les donnera pas deux fois et comme indépendant vous pourrez oublier les indemnités chômage pour l’avenir.Vous souhaitez emprunter à la banque pour acheter votre matériel , votre stock, avoir un fond de roulement ou autre ? Attendez-vous à des surprises . Il y a un gouffre abyssal entre le discours tenu dans les spots publicitaires de ces officines et celui que tiendra votre banquier en vous recevant dans son bureau.On ne vous prêtera rien sur votre bonne figure ou votre business plan superbement ficelé, c’est ainsi.Par contre si vous vous portez garant sur vos biens personnels le banquier sera tout ouïe car il ne prend aucun risque.Il existe aussi, heureusement ,des associations d’entrepreneurs accordant des prêts sans intérêt pour les créateurs d’entreprise,,mais cet apport est le plus souvent complémentaire du prêt bancaire.

 

• Les investissements.Vous disposez donc d’un statut d’entrepreneur et de fonds. Soyez dès à présent le bon gestionnaire de ce patrimoine.Des choix s’imposent dans la répartition de vos premiers investissements. Le matériel ou le stock, la publicité, le marketing, chaque euro doit être judicieusement dépensé , la clé est votre « retour sur investissement », le ROI comme disent nos amis anglo saxons.Choisir le matériel qui vous apportera la meilleure productivité, le média qui vous fera le mieux connaître , sont les axes essentiels d’une bonne gestion, restez attentifs, comparez, étudiez, renseignez-vous et n’hésitez pas à demander conseils auprès de ceux qui ont déjà de l’expérience.

 

Mon entreprise, et maintenant ?

Que vais je faire…Agir ! Pas le choix, faut y aller ! Cette belle indépendance que l’on revendique a un prix, elle demande toujours plus. Ici personne ne fait le travail à votre place ,c’est sur vous et sur vous seul que tout repose.Votre réussite ou votre échec vous appartiendrons en propre . Certes les aléas de la conjoncture auront une influence indéniable , la concurrence ne vous fera pas de cadeaux, mais la chance ne vous sourira que si vous la provoquez. Le chef d’entreprise est acteur de son destin.Ici pas de hiérarchie qui décide pour vous d’un éventuel avancement , vous serez le seul moteur de votre progression.

Je sais tout ça peut effrayer mais c’est également très exaltant.N’avoir personne sur le dos (sauf son banquier , sa comptable ..ou ses employés) , marcher seul droit dans ses bottes , tout un programme non ?

Ces quelques remarques pourront peut être vous aider à faire la part des choses avant de vous lancer dans l’aventure de la création d’entreprise.Il n’y a pas de situation professionnelle parfaite , il y a principalement des choix de vie , savoir « de quelle manière » on a choisi d’exister.